Dans le monde du sol, deux composantes majeures règnent en maîtres : la matière minérale et la matière organique. Elles sont toutes deux essentielles à la vie telle que nous la connaissons, mais diffèrent grandement dans leur composition, leurs propriétés et leurs fonctions. Ces différences sont cruciales pour comprendre comment nos sols fonctionnent, comment ils stockent le carbone et comment ils soutiennent la diversité de la vie sur terre. Prenons donc le temps d’explorer en détail ces deux types de matières.
De l’atome à la molécule : la chimie des matières minérale et organique
Le monde de la chimie est un ballet incessant d’atomes qui se lient pour former des molécules. Dans ce bal, la matière minérale et la matière organique dansent à des rythmes différents.
La matière minérale est composée principalement d’atomes autres que le carbone, tels que l’oxygène, le silicium, l’aluminium et le fer. Ces atomes se combinent pour former des molécules minérales inorganiques, comme les sels minéraux ou les oxydes métalliques, qui constituent la majeure partie du sol.
Au contraire, la matière organique est composée principalement d’atomes de carbone. Ils se lient à des atomes d’hydrogène, d’oxygène, d’azote et parfois de soufre pour former des molécules organiques. Ces dernières sont le fruit de la vie : elles sont produites par les êtres vivants (plantes, animaux, micro-organismes) et servent de nourriture aux micro-organismes du sol.
Les propriétés des matières minérale et organique
Le contraste entre matière minérale et matière organique ne s’arrête pas à leur structure chimique. Il se poursuit dans leurs propriétés.
La matière minérale a une capacité limitée à retenir l’eau et les éléments nutritifs. Sa structure est généralement dure et compacte, ce qui peut limiter la circulation de l’eau et de l’air dans le sol.
La matière organique, quant à elle, a une capacité bien plus grande à retenir l’eau et les nutriments. Sa structure est friable et poreuse, ce qui favorise la circulation de l’eau et de l’air. De plus, elle est une source d’énergie pour les micro-organismes du sol.
Le rôle des matières minérale et organique dans le cycle du carbone
Le cycle du carbone est un équilibre délicat entre les émissions de carbone dans l’atmosphère et leur stockage dans les sols et les océans. La matière minérale et la matière organique jouent des rôles complémentaires dans ce cycle.
La matière organique est une grande stockeuse de carbone organique. En se décomposant, elle libère du CO2 dans l’atmosphère. Mais en se formant, elle en absorbe. Ainsi, une augmentation des stocks de carbone organique dans le sol peut contribuer à limiter le réchauffement climatique.
La matière minérale, elle, ne stocke pas directement le carbone. Mais elle peut contribuer indirectement à son stockage. En effet, certains minéraux peuvent se lier à la matière organique et la stabiliser, la protégeant ainsi de la décomposition. Cela permet de renforcer le stockage de carbone dans le sol.
Les pratiques pour favoriser la matière organique dans les sols
C’est un fait : nos sols ont besoin de matière organique pour être fertiles et pour stocker le carbone. Les pratiques agricoles ont donc un rôle clé à jouer dans la promotion de cette matière.
Une pratique courante est l’apport de compost ou de fumier, qui sont riches en matière organique. Mais d’autres pratiques, moins connues, sont aussi efficaces. Par exemple, le non-labour favorise la décomposition de la matière organique, tandis que les cultures de couverture peuvent en augmenter la production.
En définitive, matière minérale et matière organique sont deux faces d’une même pièce : le sol. Elles sont complémentaires et toutes deux essentielles à la vie sur terre. Ainsi, l’art de gérer nos sols réside dans l’équilibre entre ces deux types de matières, un équilibre qui se construit au fil des saisons, des années et des pratiques. Et souvenez-vous : un sol riche en matière organique est un sol fertile et un allié contre le changement climatique.